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Thèses soutenues

 

En 2002

 

Rôle des composés énergétiques sur la minéralisation des matières organiques du sol. Conceptualisation, modélisations expérimentales et conséquences.

Sébastien Fontaine
Doctorant, Laboratoire d'Ecologie, Paris 6 (France)
Directeur de thèse: Luc Abbadie
Professeur, Laboratoire d'Ecologie, Paris 6 (France)

Les microbes hétérotrophes du sol sont responsables à la fois du recyclage de la matière, essentiel à la dynamique des écosystèmes, et du déstockage du carbone et des nutriments des sols, lequel peut conduire à un appauvrissement des sols et à un déséquilibre de la biosphère. Ce sont donc ces organismes, en interactions avec les végétaux, qui déterminent les cycles du carbone et de l’azote à l’échelle de la biosphère continentale. L’utilisation de la fertilité naturelle des sols et la gestion du puits de carbone terrestre passent par le contrôle des microbes des sols. Les activités microbiennes sont très dépendantes de la nature biochimique de la matière organique qui est décomposée. Les matières organiques des sols sont constituées par l’accumulation des formes les moins dégradables du carbone. C’est pour cette raison que les activités microbiennes liées à la décomposition du carbone du sol ou liées à la décomposition du carbone frais (litières végétales) peuvent être dans un rapport de 1 à 2000, et qu’il est généralement accepté que les microbes qui décomposent le carbone du sol sont limités par l’énergie disponible. Paradoxalement, l’apport de composés riches en énergie comme le glucose ou le fructose n’a pas d’effet sur la minéralisation du carbone du sol. La possibilité d’une stimulation des microbes, qui décomposent le carbone du sol, engendrée par un apport de carbone frais, phénomène appelé “priming effect ” en science du sol, est débattue depuis Löhnis 1926 mais n’a pas été démontrée. Dans une revue sur le priming effect et sur les concepts écologiques qui pourraient être impliqués dans ce phénomène, nous montrons qu’un apport de carbone frais stimule la croissance de microbes qui décomposent exclusivement le carbone apporté (r-stratégistes). La stimulation de la décomposition du carbone du sol pourrait dépendre de la compétition pour l’acquisition de l’énergie et des nutriments entre les microbes qui décomposent le carbone du sol (K-stratégistes) et les microbes r-stratégistes. En combinant méthodes isotopiques, analyse des processus du sol et approche écologique, nous démontrons pour la première fois que le priming effect se produit réellement dans les sols. Nous démontrons qu’il dépend de la compétition microbienne et, pour cette raison certains composés comme le glucose n’ont pas d’effet. En utilisant la cellulose comme modèle de carbone frais, nous démontrons que le priming effect peut être si intense qu’il induit un bilan net de carbone négatif. Finalement, nous montrons que la compétition microbienne et l’intensité du priming effect dépendent des nutriments disponibles. Il est parfois suggéré que la pénurie en nutriments favorise l’accumulation de carbone dans les sols en ralentissant la décomposition des litières. Nous démontrons que ce ralentissement est de courte durée et qu’une pénurie en nutriments conduit à des pertes dramatiques du carbone du sol par le priming effect. Ceci indique que le stockage du carbone ne peut plus être vu comme un processus additif et que le turnover du carbone du sol dépend d’interactions entre les litières et le carbone du sol sous le contrôle des microbes. Nos résultats questionnent la capacité des écosystèmes à séquestrer le CO2 anthropique.

Titre

Virginie Tavernier
Doctorante, Laboratoire d'Ecologie, Paris 6 (France)
Directeur de thèse: Luc Abbadie
Professeur, Laboratoire d'Ecologie, Paris 6 (France)

Cette thèse examine les rapports entre végétation et fonctionnement microbien du sol. Deux situations modèles ont été choisies pour explorer cette question à différentes échelles : l'échelle de la plante, l'échelle sol-plante, l'échelle du couvert végétal.

Une première situation en Côte d'Ivoire (station de Lamto) a permis d'étudier le métabolisme azoté d'Hyparrhenia diplandra, graminée pérenne en touffe majoritaire dans la savane de Lamto. Cette espèce présente deux écotypes associés à des sites à niveaux contrastés de nitrification: un potentiel de nitrification élevé (site HN) et un site à nitrification très faible (site LN). Dans le site HN, la production du couvert est bien moindre qu'en site à forte nitrification. Pour expliquer cette différence de production, on suppose que la production de nitrate, sujet à une lixiviation plus importante, est préjudiciable à la nutrition azotée de la plante, par rapport au site LN. Un premier objectif de ma thèse a été d'examiner si les plantes de chacun de sites avaient développé un métabolisme azoté adapté à la forme d'azote minéral présente -nitrate ou ammonium. Des mesures d'activités enzymatiques (GS, NR, GDH) et divers indicateurs du métabolisme azoté ont infirmé cette hypothèse : les écotypes ne présentent pas de différences majeures au niveau du métabolisme azoté.

A l'échelle du système sol-plante, la thèse s'est focalisée sur l'effet de la densité racinaire sur le devenir de l'azote minéral. L'hypothèse est qu'à de fortes densités racinaires, la plante devient indépendante du sol pour assurer sa nutrition azotée, en utilisant l'azote provenant de la décomposition de ses racines (la litière racinaire). La même Hyparrhenia diplandra a permis de démontrer, par analyse marquage 15N naturel, qu'à densité racinaire plus forte, les racines représentent une part plus importante de l'azote de la plante, par rapport à de faibles densités racinaires. Cette propriété permettrait d'expliquer la forte production des graminées pérennes en touffe en zone de savane, où l'azote du sol est pourtant considéré comme une ressource rare.

A l'échelle du couvert végétal, l'objectif était de montrer qu'en fonction de la densité racinaire le fonctionnement microbien était différent. J'ai choisi un couvert de graminées annuelles (Pennisetum pedicellatum) et un couvert de graminée pérenne (Andropogon gayanus). Andropogon gayanus présente des densités racinaires très importantes, en particulier à l'aplomb de la touffe, par rapport aux graminées annuelles, aux systèmes racinaires très diffus. J'ai démontré qu'à ces deux couverts étaient associés deux fonctionnements microbiens contrastés, avec une production d'azote minéral essentiellement sous forme d'ammonium sous pérennes, et majoritairement sous forme de nitrate sous annuelles. Bien que différents processus peuvent expliquer ces différences de forme majoritaire d'azote produite, l'hypothèse d'une compétition plus forte entre plante et microorganismes nitrifiants est privilégiée.

Ainsi, l'agrégation des racines en zones de savane est une adaptation forte du couvert végétal au déficit en azote. Elle permettrait d'augmenter la conservation de l'azote (forme ammonium préférentiellement au nitrate), d'améliorer la compétitivité des plantes pour l'accès à l'ammonium ar rapport aux microorganismes nitrifiants, d'assurer à la plante pérenne une autosuffisance par rapport à l'azote par accumulation (racines) et recyclage de sa litière racinaire. Ces mécanismes permettraient ainsi d'améliorer la production et, par conséquent, la pérennité de l'espèce dans l'écosystème.